Quand on regarde un Disney après avoir passé l'enfance, on s'amuse à chercher des indices liant le film à tout l'univers Disney. Je suis nulle à ce jeu là et j'ai plutôt l'impression de me retrouver enfermée dans le labyrinthe avec un terrible minotaure qui pourrait me dévorer à la fin. L'ennui quand on est en faveur des petits commerçants et blablabla, c'est que les énormes entreprises qui ne produisent que des succès m'effraient.
Les studios Ghibli sont également une grosse entreprise (dont les films arrivent en France grâce à Disney, je sais) et une machine à succès de nos jours. Mais la volonté de Miyazaki à prendre de soin de la Planète et de notre environnement me le rend plus sympathique. Sans compter que chaque film invite à découvrir le monde entier, d'autres films, d'autres livres, d'autres cultures. Plus on lit, mieux on comprend ces films.
Ainsi je ne peux m'empêcher de penser à Alice quand Meï-chan dégringole dans un arbre pour atterrir dans le terrier de Totoro. Nouveau clin d’œil dans la scène finale, quand les petites filles et le chat-bus sont cachés dans un arbre. Ce dernier s'efface progressivement, tel le chat du Cheshire.
Lorsque Fleur a proposé le challenge Miyazaki, je me suis fait une petite sélection d'articles sur le réalisateur et j'ai commencé par lire toute sa page wikipedia. Un bon début au regard de sa longueur. Puis entre interviews, portraits et résumés de ces films, j'ai commencé à me faire une idée probablement plus juste, plus complète d'un homme très cultivé, un peu voyageur et grand rêveur.
Son enfance au cœur de la seconde guerre mondiale et la profession de son père l'ont conduit a réalisé son dernier film, Le vent se lève que je n'ai pas encore vu. Mais je sais qu'on y découvre les zéros, avions de chasse les plus performants au début de la guerre, avions pilotés par les trop célèbres kamikazes. Sur le sujet, et sans lien direct avec Ghibli, je ne peux que vous conseiller la lecture du manga Zéro pour l'éternité . Un frère et une sœur décide de mener l'enquête sur le grand-père, pilote de chasse, mort en kamikaze pendant la seconde guerre mondiale. Le point de départ est les attentats du 11 septembre à New-York à l'occasion desquels le terme kamikaze est de nouveau utilisé. La jeune femme est outrée par le choix de mot et veut comprendre comment un soldat japonais était amené à offrir sa vie à son pays. Bien entendu tous ses événements sont postérieurs au décor du film Le vent se lève, mais je pense que le manga donne des clés de compréhension pour saisir la portée historique de l'invention des Zéro.
Le thème de l'aviation est présent dans plusieurs de ces réalisations, je pense principalement à Porco Rosso, dont une scène est directement inspirée de la nouvelle Ils ne vieilliront pas de Roald Dahl [traduction du titre en anglais, car je n'ai pas réussi à savoir si cette nouvelle a été traduite et éditée en français], loin de l'univers enfantin habituel de l'auteur britannique. Alors bêtement j'ai envie de relire Matilda , mais aussi de découvrir ces autres œuvres plus biographique.
Autre auteur britannique source d'inspiration, Diana Wynne Jones, auteur du Château de Hurle . Ce roman est loin de la ville chaotique du film Le Château ambulant, et pourtant l'histoire est là. Semblable et différente. Suffisamment différente pour ne pas être déçue de la transformation de l'un à l'autre. Et la découverte de cette auteur m'a conduite à lire Ma sœur est une sorcière , livre que je vous recommande. D'ailleurs c'est étrange, mais j'ai toujours trouvé que la couverture française semblait tirée de la ville créée par Miyazaki dans Le château ambulant...
Des influences françaises sont également éparpillées dans ces œuvres. L'une des scènes de Porco Rosso se déroule au son du Temps des cerises.
Mais l'exemple le plus célèbre (et le plus fort) est le film Le roi et l'oiseau.Je sais l'avoir vu quand j'étais petite, tout en n'en gardant aucun souvenir. Cela rejoint Le château de Cagliostro qui incorpore plusieurs idées du film de Grimaut. Malheureusement je ne me souviens pas plus du Château de Cagliostroque du Roi et l'oiseau.
Par contre bien plus frais dans ma mémoire, le roman Le Petit Prince fait parti de ces livres que Miyazaki considère comme important au sein de la littérature internationale. Je n'arrive cependant pas à le visualiser dans un seul de ses films.
Enfin certains ont peut-être eu la chance de voir l'exposition Miyazaki-Moebius à la Monnaie de Paris, qui reliaient ses deux artistes.
Mais poursuivons nos lectures. C'est en tentant d'obtenir les droits d'exploitation de Fifi Brindacierque Miyazaki découvre la Suède. Un paysage envoûtant que l'on retrouve dans Kiki la Petite sorcière. Connaître le lien entre ces deux œuvres me donne personnellement envie de découvrir l'héroïne rouquine d'Astrid Lindgren. Je ne peux m'empêcher de me demander quels autres éléments scandinaves m'échappent dans le film.
La liste est en fait longue et je suis surprise (et un peu jalouse) de la culture littéraire de Miyazaki. Quand a-t-il le temps de lire et de créer autant ? Les voyages de Gulliverse cachent dans Le château dans le ciel. Le conte de La Petite sirènene peut être bien loin quand on regarde Ponyo. Les chapardeurs de Mary Norton sont à l'origine d'Arriettyet je ne peux que regretter que ce livre n'ait pas été remis en vente lors de la sortie du film. Même en anglais il semble difficile de se le procurer.
Ce que j'apprécie est en fait la variété des influences qui se cachent derrière chaque film. Une pointe de ci, un soupçon de ça et au final un univers unique et personnel. Nous sommes loin des univers disney qui repose sur un seul livre ou une seule légende.
Et puis si La princesse et la grenouille m'avait donné faim, ce sont les détails japonais de Miyazaki qui me font voyager. J'adore manger des râmen comme Ponyo, en achetant des nouilles instantanées et en y ajoutant une tranche de jambon et un œuf avant de verser l'eau. Ou alors les bentôs que Satsuki prépare pour sa sœur et son père avant de partir à l'école. Et je me demande si le succès des studios Ghibli n'est pas entre autre dû à l'exotique et séduisante idée que nous nous faisons du Japon.
Cet article n'est qu'une mise à plat de mes lectures en lien direct avec mes propres connaissances. Il manque des dizaines de référence, alors surtout, n'hésitez pas à ajouter votre avis et/ou vos souvenirs en commentaire.