J'ai été volontaire à deux reprises, au Togo et au Kirghizstan et le sujet du volontariat me tient à coeur, même si aujourd'hui je ne repartirai pas de la même façon. (vaste sujet dont ce n'est pas le propos ici).
Il ne m'a donc fallu que les deux premières lignes de la quatrième de couverture pour décider de lire Là où naissent les nuages.
Mon père m'a attrapée par les épaules.
- Viens avec moi. Un voyage humanitaire, c'est le genre d'expérience qui marque une vie entière.
Amélia se sent coincée dans sa vie d'adolescente. Elle vit avec des parents lumineux, à l'aise, beaux, chez qui tout réussi. Des parents qui ont fait le tour du monde, travaillé au Soudan et réussi de brillantes carrières. Alors elle, elle mange, elle grossit et se prend à rêver d'être une autre de temps en temps. L'occasion se présente de façon aussi soudaine qu'inattendue lorsque sa mère reçoit une lettre de Mongolie, d'une association qu'elle soutient financièrement depuis des années après y avoir été volontaire quelques temps.
Il y a beaucoup de jeunes de 18 ans qui tentent de sauver le monde. Dans mes mauvais jours, je les trouve insupportable. Mais je dois admettre qu'ils sont pleins de volonté et que ce n'est qu'en se rendant sur place qu'ils prendront conscience de leur insignifiance (enfin c'est ce que j'espère). Sauver les petits africains c'est toujours plus classe qu'aider les sdf français.
Autant dire que j'ai débuté ma lecture avec un œil critique, mais rassuré par le seul autre titre que je connais de Annelise Heurtier (Le Carnet rouge, génial sur le Népal). Rapidement je me suis attachée à Amélia, si humaine, si juste, si honnête envers elle-même. Elle sait bien que des gamins vivent dans des conditions insupportables, mais elle n'est pas obligée de le voir pour de vrai et vivre avec le souvenir au quotidien, se dit-elle. Car Amélia n'a pas la fibre du jeune sauveur, au contraire, elle resterait bien chez elle, laissant dans la périphérie de sa conscience les misères du monde.
La réalité du terrain est également décrite avec justesse, les idées préconçues de notre vie occidentale, l'inutilité, la barrière de la langue, la banalité des gestes qui comptent.
J'ai finalement été déçue par le roman en raison de la fin. Amélia finit par découvrir un secret de famille et c'est nul, ça n'a rien à faire dans l'histoire, ce n'était pas nécessaire. Heureusement cela ne concerne qu'une petite vingtaine de pages.
Un récit que je recommande à tous ceux qui rêvent d'ailleurs, de vie qui compte et de rencontre improbable.
Là où naissent les nuages – Annelise Heurtier – Casterman – en savoir plus