Il y a deux ans, j'avais choisi pour m'accompagner au Kirghizstan le premier tome d'Africa Trek de Sonia et Alexandre Poussin. Et comme j'étais enceinte avec aucune idée de ce que je pouvais raconter à mon ventre, je lisais à voix haute. Prendre tout son temps, savourer les mots, les écouter, apportent tout de suite une autre dimension à un récit. Je n'ai toujours pas lu le second tome, car je ne me vois pas m'y plonger depuis le métro parisien. Je ne l'ai même pas acheté !
A la place, j'ai lu Marche avantd'Alexandre Poussin, récit autobiographique, liant vie privé et réflexion sur la marche, en alternant les chapitres. Mais le sujet de la marche est vite épuisée pour laisser place à des réflexions plus écologiques, sociales et humaines. Je ne partage pas toujours son avis, mais étant toujours argumenté, c'est une excellente lecture pour faire le point sur nos propres aspirations. Finalement il n'y a que le chapitre sur la recherche de nouvelles énergies que j'ai trouvé beaucoup trop long. Tellement long, que, fait exceptionnel, j'ai fait un rapide bond jusqu'au chapitre suivant.
Comprendre l'homme qui a eu l'envie folle de rejoindre Jérusalem depuis l'Afrique du Sud à pied, donne une autre dimension au projet, une dimension encore plus humaine, plus sensible. J'ai été touché par le passage décrivant comment la volonté de passionnés a permis la traduction du récit Africa Trek en anglais, et j'ai fini émue avec les derniers instants de son père. Je me suis amusée de la cours assidue qu'il fit pour séduire celle qui allait devenir sa femme.
Car ce récit montre que marcher est une grande aventure quand l'on part d'un bout du monde pour en rejoindre un autre. Mais, et c'est mon interprétation personnelle, marcher est aussi ce que l'on fait quand on choisit de se lancer à la poursuite de ses rêves, de vivre en respectant des idéaux.
Ce livre m'a replongé dans une lecture très ancienne (j'étais au collège), L'enfant des neigesde Nicolas Vanier. Au même moment avait été publié le récit de Nicolas et celui de sa femme, chacun racontant à sa façon leur année en Alaska. Et j'avais préféré la version de Diane Vanier, plus intime, plus quotidienne. Le récit d'Alexandre Poussin manque de Sonia à mon avis. Ou alors vivement la suite, leur prochaine marche, avec leurs deux enfants (là j'avoue c'est la maman qui veut partir en voyage qui parle).
Marche avant, vade-mecum à l'usage des aventuriers de grand chemin et des voyageurs immobiles – Alexandre Poussin – Robert Laffont