Titre : Max
Auteur : Sarah Cohen-Scali
Editeur : Scripto, Gallimard
Konrad est un enfant qui a été créé dans le cadre du projet Lebensborn. Ses parents ont été choisi indépendamment l'un de l'autre selon les critères ariens. Totalement convaincu par les propos de Hitler, les seuls d'ailleurs qu'il entendait grâce à la radio, il va tout faire pour soutenir son pays dans la guerre.
Mais sur sa route il va rencontrer Lukas, sélectionné sur des critères physiques également pour être germanisé.
Je ne veux pas vous en dire plus car ce roman est captivant, habillement construit et historiquement vrai.
Le narrateur est Konrad, qui nous raconte sa vie en commençant par le jour de sa naissance. C'est donc un petit enfant qui va traverser la guerre en prenant pour argent comptant les propos des adultes qui l'ont fait grandir. Et ce point de vue est très intéressant. Car si Konrad est bel et bien une victime de la guerre, il nous rapporte l'idéologie nazie, la défend même et rêve d'une brillante carrière d'officier SS.
Au fur et à mesure, de façon juste et crédible, les idées du garçon vont évoluer au contact de Lukas, mais aussi par sa simple observation du monde.
Ce roman est vraiment à mettre entre les mains des collégiens/lycées (et plus) qui se posent des questions sur la seconde guerre mondiale et qui en ont marre du point de vue juif. Je me souviens qu'au collège j'avais commencé à lire par moi-même plusieurs récits (dont Anne Franck) et j'avais arrêté car l'histoire était toujours la même ou presque.
Là le point de vue juif n'est absolument pas occulté. Mais on apprend beaucoup de choses sur la diffusion de l'idéologie aryenne, la peur des homosexuelles, l'occupation allemande en Pologne, la vie à Berlin à la fin de la guerre et juste avant l'arrivée des Russes, etc.
Et puis surtout, il y a au centre du roman, le Lebensborn, ce projet qui a réellement existé de 1933 à la fin de la guerre et qui se déroula en Allemagne bien sûr, mais aussi en Norvège, en Autriche, en Belgique et en France. En lien avec ce projet, il y a la germanisation qui consiste purement et simplement à kidnapper les enfants répondant aux critères aryens et à les scolariser à la dur jusqu'à ce qu'ils renient leur origine, parle allemand, etc.
Un livre sur lequel les profs et les documentalistes peuvent se jeter, mais ce serait vraiment dommage de le limiter à une approche pédagogique car c'est un vrai roman.
Extrait à la deuxième page du récit (juste avant la naissance donc) :
"Mon voeu, le premier de ma vie à venir, est de voir le jour le 20 avril. Parce que c'est la date anniversaire de notre Führer. Si je nais le 20 avril, je serai béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître du monde."