Je viens de lire deux romans, coup sur coup, sensiblement dans la même veine et qui m'ont l'un comme l'autre laissé perplexe.
Dans les deux cas un jeune garçon est le héros opposé à des confréries secrètes au sein d'établissement. Dans les deux cas ça finit mal et je n'arrive même pas à me dire que c'est une fin positive/encourageant/stimulante/formatrice... En fait si je n'avais lu que le premier il en serait probablement ressorti une chronique plus positive.
Elliot - Graham Gardner - Flammarion
Elliot était le bouc émissaire des grands/costauds/violents dans son ancien établissement. Le novueau travail de se mère lui donne l'occasion de recommencer, de ne pas se faire remarquer et de s'en sortir. Il découvre cependant très vite que sa nouvelle école abrite les Gardiens, groupes d'élèves organisant tous les sévices.
Ce livre se réfère énormément au roman 1984 d'Orwell. Les Gardiens soutiennent le système autoritaire de 1984. L'amie d'Elliot soutient le héros épris de liberté. Elliot au milieu, n'a pas lu le roman et ne sait qui croire concernant son contenu.
Et justement, comment un ado qui n'a pas lu 1984 pourrait saisir toutes les subtilités de ce roman ?
La construction est habile, le thème de la violence est proposé selon deux points de vue et la conclusion est intellectuellement positive, mais émotionnellement déprimante, surtout quand on a lu le roman d'Orwell.
La guerre des chocolats - Robert Cormier - Ecole des loisirs
Dans l'école de Jerry, une sorte de société secrète, nommée les Vigiles, désigne des élèves pour accomplir des tâches animant la vie scolaire. Le principe est bon enfant, mais les conséquences peuvent être lourdes.
Tous les ans les élèves doivent vendre des chocolats pour rapporter des fonds à l'école. Cette année un professeur fait appel aux Vigiles pour améliorer les ventes. Alors quand Jerry refuse de vendre, il se met beaucoup de monde sur le dos.
L'horreur, j'ai détesté. C'est lent, très lent. Les points de vue sont multiples mais on ne découvre que tardivement de qui nous parle le narrateur. Et surtout, surtout, je n'aime pas ce roman qui présente la déchéance d'un élève qui a eu envie d'agir librement. Car la vente des chocolats est facultative. L'ensemble est mesquin car c'est pour des raisons que l'on pourrait dire politique et économique que Jerry devient bouc émissaire.
Et la conclusion présente tout ce que je déteste : "fondez-vous dans le moule" !!!!
Je n'ai pas envie de dire à des ados (le lectorat ciblé), arrêtez de rêver, votre vie est déjà tracée par des plus puissants que vous, faites juste ce qu'on vous dit.
J'avais choisi de lire ce livre car il avait eu une très bonne critique dans le magazine des librairies Sorcières (le numéro où chaque librairie présentait trois titres). Je vais fuir cet auteur américain des années 70 et ne le recommande surtout pas.
Après recherche, je suis tombée sur cet article, publié en 2000 à l'occasion du décès de Robert Cormier. La guerre des chocolats est son premier roman, il a fait scandale pour sa noirceur, en France on a envisagé de créer une liste noire en littérature jeunesse... Ce n'est pas la noirceur qui me gêne dans ce roman, mais bien la conclusion. Et à ce sujet l'auteur a dit avoir voulu «montrer que le happy end n'est pas un droit donné à la naissance et qu'il faut vouloir le provoquer».