Débordée, je vous propose trois livres dans un seul billet. Mais le sujet devenant vite austère, je commence par un roman jeunesse et je finis avec deux questions d'éducation (bien que ce soit deux titres grands publics, ceux n'étant ni profs ni parents, risquent de s'ennuyer, je vous aurai prévenu).
En CE2 (si ma mémoire est bonne, mais c'était peut-être CM1), j'ai lu La petite fille en kimono rouge pour l'école. Un coup de coeur ! Un livre qui est encore aujourd'hui dans mon top 10 (pourtant très variable). J'avais été touchée par cette petite japonaise fraichement débarquée aux Etats-Unis. Elle est coincée entre deux cultures et ne sait comment se faire des amis américains. C'est grâce à elle que j'ai découvert de façon consciente le Japon pour la première fois et enrichit mon vocabulaire de façon incroyable.
Je viens de le relire. Et je suis toujours complètement sous le charme. Il y a beaucoup de sensibilité, de questionnements enfantins sur la double culture bien sûr, mais aussi sur l'amitié, le mensonge, la délation.
Ce livre est une merveille !
Virement à 180°, avec un livre qui m'a complètement déprimée : Chroniques d'une prof qui en saigne. Je n'ai jamais vu un tel concentré de vulgarité, de discrimination, de stupidités (j'ai bien un mot qui me vient à l'esprit pour résumer, mais je vais éviter car je ne souhaite pas me créer un nouveau lectorat attiré par un mot clé surprenant). Je n'avais lu jusqu'à présent que de bonnes critiques sur le livre et/ou le blog dont il vient.
Princesse Soso est assez connue en ligne. Elle est prof d'anglais et avec un humour incisif (mais qui m'a laissé de marbre) dresse un portrait effarant de l'éducation nationale et plus précisément du collège unique. Un portrait qu'elle critique justement, introduisant dans son récit des chapitres plein de bon sens (mais chapitre en général gâché par une speudo pointe d'humour ou par une réflexion laissée en plan).
Mais le livre finit par être indigeste, écoeurant. Je ne dois pas être assez patriotiste pour apprécier les envolées lyrique sur l'école publique guidant la nation vers des jours meilleurs. Et je dois trop généreuse pour rejeter la majorité de la responsabilité sur les parents. Car selon moi si tant d'élèves arrivent au collège sans savoir lire, l'école primaire a aussi une part de responsabilité.
A la limite il est simplement plus intéressant de lire cette interview que de se farcir tout le bouquin.
Pour info, elle évoque à un moment de se pencher sur d'autres méthodes d'enseignement pour faire évoluer l'école publique et n'évoque que Montessori. Mais il existe de nombreuses formes d'éducation comme l'école Summerhill en Angleterre, les travaux de John Holt sur le Unschooling (aux Etats-Unis) ou plus simplement Freinet (liste absolument pas exaustive, je ne suis pas une experte).
En parallèle, j'ai lu (en anglais) the Unschool handbook, soit une sorte de guide/témoignage sur les capacités des enfants à être moteur de leur éducation. Il s'agit ici d'une forme d'éducation à la maison mais qui a surtout le mérite de redonner un peu d'estime aux enfants. Une excellente lecture pour réfléchir aux rapports que notre société crée à l'éducation, à l'enfant, à l'autorité. On désacralise les mathématiques, on met en avant la curiosité naturelle des enfants.
Personnellement je n'avais jamais vu les choses sous cette angle là et j'en tire un maximum pour construire mes cours de français qui s'adresse à des adultes.
Pour info, les méthodologies aujourd'hui développées et en cours dans le secteur du français langue étrangère vont tous dans le même sens qu'une part importante des principes du unschooling : si ce que vous enseignez n'a pas d'application directe, cela ne sert à rien (et même si en classe, on fait semblant de ...). Un enfant préfèrera apprendre à compter en allant acheter des bonbons, que sur une feuille avec une piscine à remplir d'eau en X heures.
La petite fille au kimono rouge, Kay Haugaard, Le livre de poche
Chroniques d'une prof qui en saigne, Princesse Soso, Privé
The Unschool handbook How to use the whole word as your child's classroom, Mary Griffith, Prima Publishing