Passionnée des langues étrangères, j'ai fait mon mémoire de master sur la représentation des langues en littérature jeunesse. J'ai lu un paquet de romans bilingues pour « apprendre l'anglais en douceur » et j'avoue que peu m'ont plu. J'étais donc très curieuse de voir le résultat de la nouvelle collection Syros : Tip tongue.
Peter est un jeune garçon qui part passer un mois chez ses cousins britano-australiens pour permettre à ses parents de divorcer (ou pas). Dès son arrivée il est plongé dans un étrange mystère : dans toute la maison des objets disparaissent régulièrement.
Actuellement je pense que la seule collection concurrente à cette nouveauté est la collection dual books chez Talents Hauts. Du coup, autant comparer les deux
Dual books propose un chapitre en français puis un chapitre en anglais. Si certains auteurs en profitent pour faire un changement de perspective, le plus souvent l'utilisation de l'une ou l'autre langue semble totalement artificiel.
Ici Tip tongue propose un texte français qui évolue vers de plus en plus d'anglais de façon très naturel. En fait je n'ai pas fait attention que brusquement le texte était à 90% en anglais. Ce qui est dit en anglais est dans un premier temps repris ou expliquer par le contexte. Les phrases sont courtes et le personnage traduit dans sa tête ou demande de l'aide. Puis seules les expressions un peu complexes sont re-écrites en français.
« - He can't ride a bike, said Peter, guessing what the problem was.
Richie ne savait pas faire de vélo. »
« Pierre n'avait pas tout compris, seulement que son cousin et ses amis parlaient de séries policières et des indices qui permettaient ou non d'arrêter les criminels. »
Ici tout est fait pour éviter l'utilisation du dictionnaire, pour réfléchir, s'appuyer sur le contexte et avancer par soi-même. Bien sûr le dictionnaire pourra être ouvert, mais seulement si on en a envie dans les premiers temps, ne gênant pas l'avancée de l'histoire. Pendant que le lecteur se construit tout une série de nouveaux réflexes et enregistre du vocabulaire, les phrases en anglais sont de plus en plus présentent sans forcément introduire beaucoup de nouveautés.
Côté histoire, sur les 4 ou 5 Dual books que j'ai lu, je n'ai jamais été très enthousiaste. Ici, sans qu'il n'y ai rien d'extraordinaire, l'énigme est crédible et surtout le lecteur n'est jamais pris pour un idiot. J'ai trouvé le choix du « méchant » très bien pensé et original.
En fait, j'ai tellement apprécié, qu'en lien avec ma volonté d'introduire plus de lecture à voix haute avec mes élèves, je viens de commander Hannah et le trésor du Dangerous Elf qui s'adresse aux plus jeunes (l'âge de la majorité de mes élèves enfants).
Peter et le mystère du Headless Man – Stéphanie Benson – Syros