Notre ressenti face au temps me sidère toujours. J'ai l'impression d'être rentrée de voyage depuis un mois, peut-être plus. Et pourtant c'est aujourd'hui seulement que j'ai trouvé une place pour les derniers souvenirs qui traînaient sur la table depuis le premier soir.
D'un autre côté, durant cette si longue semaine, j'ai eu le temps de lire Kamo et l'agence Babel, l'un des titres sélectionnés pour ma recherche de master. Ce roman que j'avais lu fin primaire ou début collège m'avait laissé un très fort souvenir. Comment une lecture si marquante peut contenir si peu de pages, se lire si vite ?
Peut-être ne devrions nous pas relire les coups de cœur de notre enfance.
Kamo se lance dans une correspondance franco-anglaise avec une certaine Catherine Earnshaw. Un échange imposée par sa mère suite à un pari perdu. Kamo a trois mois pour apprendre l'anglais, pour devenir bilingue. Une correspondance qui intrigue son meilleur ami, qui l'inquiète même lorsqu'il découvre que Catherine ne connaît ni le téléphone, ni l'électricité.
J'aimerai en dire plus, car c'est la chute qui m'avait séduite à ma première lecture. Chute que mon namoureux a deviné au bout de quelques pages. L'âge nous fait donc perdre certains petits plaisirs de l'enfance.
Heureusement j'ai pu me raccrocher à l'écriture de Pennac, toujours aussi savoureuse et parisienne. Mais là c'est le temps qui passe qui me fait douter du plaisir de lecture des enfants d'aujourd'hui. Peu importe, car ce roman invite à découvrir une langue étrangère à partir d'une passion. Et la passion de la lecture peut très bien nous entraîner sur les pistes de l'argot.
Je me demande si Kamo n'est pas à l'origine des nombreuses correspondances que j'ai entretenu. D'ailleurs c'est à l'aide d'une jeune maman japonaise que je perfectionne mon japonais, prenant le temps de dessiner mes plus beaux caractères sur du joli papier à lettre. Car de ce côté là, j'arrête le temps, pour faire parvenir des vraies lettres en papier au bout du monde, loin de l'internet et de son instantanéité.
Kamo et l'agence Babel, c'est un peu de mes rêves d'enfance, ceux où le passé et le présent peuvent se toucher du doigt, où les amis sont toujours là et les langues étrangères des formules magiques.
Kamo l'agence Babel, Daniel Pennac, folio junior.