Titre : Imago
Auteur : Nathalie Le Gendre
Editeur : Syros
Roman ado que je ne recommande à personne
Neï voit son quotidien basculer lorsque sa soeur aînée décède avec son mari. Elle se voit alors confier le nouveau-né de sa soeur, ainsi que la charge de futur chef de clan. Le tout, alors qu'elle n'a pas encore accompli son imago, le rituel permettant de devenir adulte.
Voici un roman qui commençait mal. J'avais la sensation de me trouver dans un décor pré-colombien fantaisiste, propice à la confrontation entre les populations locales et les premiers blancs. Ainsi on croise des créatures incroyables et des inventions me faisant penser aux lucioles (ces objets que l'on charge au soleil et qui brille toute la nuit). Et puis finalement, ce n'est que vers la fin que j'ai compris que Neï vit dans un monde futuriste et dystopique qui aurait survécu au Grand Chamboulement qui se serait produit en 2012. Pourtant la société est clairement une société dite « primitive » et première incohérence à mon sens : comment une telle société peut-elle exister dans un futur plus ou moins lointain. Rien n'est dit sur le Grand Chamboulement, sur l'origine du peuple de Neï ou sur les blancs.
L'histoire elle-même m'a paru insignifiante. Au fil des chapitres on est plongé dans un drame familiale (deuil, héritage, recherche du père), une critique de la société (via l'opposition homme-femme), la confrontation entre les blancs et les « indiens », l'entrée dans le monde adulte. Du coup de nombreuses questions se posent, mais rien ne se passe. On referme le roman sans qu'aucun des sujets ne soit clôt ou simplement n'ait évolué. C'est très frustrant de voir tout un univers se mettre en place avec de multiples possibilités et des pistes de réflexions, pour qu'au final le seul intérêt soit Neï qui pourra continuer à vivre et tout faire en même temps.
Et pour finir, détail pour beaucoup de lecteurs (et encore plus pour les ados qui sont concernés par cette lecture) mais qui ne signifie pas que ce doit être négligé, le récit semble au final être la description ethnologique d'une tranche de vie. D'ailleurs le roman est bien écrit, et on entre très facilement dans le récit. Mais d'un point de vue ethnologique, c'est bidon. Je ne dis pas que l'auteur devait décrire des choses existantes, mais simplement prendre en compte des données réalistes. Ainsi le rite initiatique est vide de sens et ne repose que sur des prophéties, et le rite funéraire met en avant une partie du corps que presque personne ne considérait comme symbolique (chez les pré-colombiens, c'étaient le foie, le cœur et les pieds qui étaient très importants et non le cerveau).
On passe son chemin et on va lire le sang des lions (dystopie et humanité sauvé grâce aux Massaï), Sur les traces de Siri Ang (récit initiatique toujours chez les Massaï, entre modernité et tradition), le vieux qui lisait des des romans d'amour (pour l'ambiance "vie en forêt") ou même La cité des dieux sauvages (où les indiens y ont également plus de connaissances médicales que les blancs).
Et tout de même : le site de l'auteur.