Titre : Zulu
Auteur : Caryl Férey
Editeur : Gallimard
Une jeune femme blanche de la bonne société sud-africaine est retrouvée assassinée. Son meurtre est sanglant, horrible et fait frémir tous les médias.
Ali Neuman est chargé de l'enquête. En même temps il s'inquiète pour sa vieille mère qui vient de se faire agresser, et lutte contre ses fantômes.
Les deux enquêtes se frôlent, se mêlent, s'oublient et finissent dans le même sang. Corruption, drogue, sida, enfance perdue et folie religieuse défilent à tour de rôle.
Commençons tout de suite par l'aspect négatif, ainsi je pourrais le noyer sous les louanges. Cette année j'ai étudié l'Afrikaans, enfin j'ai eu une initiation à l'Afrikaans et à l'Afrique du Sud. L'année dernière j'ai étudié l'histoire de l'Afrique du Sud avant l'Apartheid. Je n'ai jamais mis les pieds sur place, mais j'adore et j'en rêve.
Et j'ai eu l'impression en lisant Zulu que l'auteur avec fait la liste de toutes les infos indispensables à mettre sur la pays, son histoire, ses habitants. Un beau et long catalogage comprenant également le tourisme et la politique actuelle. Puis il a écrit son roman en distillant au fur et à mesure toutes ces infos. J'ai appris quelques trucs. Mais ce catalogage est pesant et redondant. J'ai même parfois eu l'impression qu'il entretenait des stéréotypes. L'impression également d'entendre mon prof d'Afrikaans expliquant exactement la même chose.
Du coup j'ai fait rapidement des recherches sur l'auteur et impossible de trouver des infos expliquant son lien avec l'Afrique du Sud. Est-il un simple touriste passionné ? De même pour les violences décrites. Toujours cette impression de listing, comme s'il ne fallait rien oublié des "savoir-faire" criminels sud-africains.
Voilà, ça c'est dit. D'un autre côté, pour finir sur cet aspect, j'ai beaucoup aimé les reprises historisques. Tout le monde ne sait pas ce qu'est un lagger, ni comment les boers sont arrivés là, ni le fait que tout le monde ne parle pas anglais. Le tout est amené discrètement, une explication utile sans être professorale.
Mais le point positif de ce roman tient à sa galerie de personnages, à leur passé, à leur complémentarité. Ils représentent l'Afrique du Sud mais aussi les hommes de façon générale. On les suit à tour de rôle, on s'inquiète pour l'un, pour l'autre, pour leur vie, leur femme, leurs enfants. On s'attache à leur passé, à leur vague à l'âme, à leurs espérances.
Et c'est en les suivant que l'auteur crée son suspens. Tandis qu'on abandonne Ali, seul avec une danseuse zoulou, on frémit avec Brian s'introduisant dans tel bâtiment. Et alors qu'il entend un bruit suspect, on se retrouve face à l'ordinateur de la gentille hackeuse. Alors on lit, on lit et on s'interroge. Aucun moyen de savoir ce que nous réserve la suite. On pense avoir compris un élement, enfin, quand brusquement...
Il y a aussi quelque chose dans l'écriture qui m'a séduite. Une certaine nostalgie, une certaine poésie. Une mouette qui surveille la scène, les vagues qui s'abattent, un couple de baleine... Au coeur de toute la violence de cette histoire, c'est comme un instant de calme, de répits, ou tout simplement un battement de coeur avant le prochain coup de feu. Ces passages, souvent isolées et courts, m'ont surpris. Un charme certain, quelque peu désuet et si éloigné du monde du polar. Mais attention, ce livre est violent, terriblement violent.
J'ai l'impression d'avoir encore plus à dire, mais brusquement je sèche. En tout cas je ne regrette pas un instant cette lecture, et je remercie Babelio de m'avoir offert la possibilité de découvrir ce livre.
D'autres avis : aBeiLLe, Oceanicus, Kathel, Bunee, Amanda et de nombreux autres tous regroupés sur Blog-o-Book.
Et la vidéo de Caryl Ferey lorsqu'il a reçu un prix pour Zulu (qui a reçu de nombreux prix). Discour, qui me le rend brusquement très sympathique. Et de fil en aiguille j'ai finalement trouvé une interview de lui, autours de Zulu, ça tombe bien.